Issue |
BSGF - Earth Sci. Bull.
Volume 192, 2021
Special Issue Gearcheology
|
|
---|---|---|
Article Number | 23 | |
Number of page(s) | 18 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/bsgf/2021016 | |
Published online | 16 April 2021 |
Il était une fois des sociétés qui stockaient du carbone en ville : processus de formation et implications sociétales des terres noires urbaines de l’Europe médiévale (Ve−XIe s.).
When societies stored carbon in towns: formation processes and societal implication of urban dark earths in early medieval Europe
1
CNRS-UMR 7041 ArScAn,
21, allée de l’Université,
92023
Nanterre, France
2
Vrije Universiteit Brussel, Research Foundation Flanders − FWO,
Bruxelles, Belgique
3
University of Reading,
Reading, Royaume-Uni
4
Dipartimento dei Beni Culturali, Università di Padova,
Padova, Italie
5
Service archéologique du Calvados, CNRS-UMR 6273 CRAHAM – Centre Michel de Boüard,
Caen, France
6
Institut national de recherches archéologiques préventives,
Metz, France
7
Institut national de recherches archéologiques préventives, UMR 6566 CReAAH,
Nantes, France
8
Mission archéologique du Département de l’Eure, UMR7041 ArScAn,
Vieil-Evreux, France
* Auteur correspondant: quentinborderie@yahoo.fr
Reçu :
24
Novembre
2019
Accepté :
26
Mars
2021
Le sous-sol des villes est structuré par plusieurs millénaires d’interactions société-environnement, qui ont créé les strates et sols urbains dont la puissance sédimentaire peut aujourd’hui dépasser une dizaine de mètres. Depuis une trentaine d’années, le développement de la géoarchéologie des environnements artificialisés, et l’application des géosciences à ces formations anthropogènes, a permis de caractériser les processus pédo-sédimentaires et les systèmes d’activités qui en sont à l’origine. Ainsi, il est possible de constater que les strates des Ve–XIe siècles sont majoritairement caractérisées par des couches de terre sombre, d’apparence homogène, épaisses de plusieurs dizaines de centimètres, voire de plusieurs mètres, qui se rencontrent dans tous les espaces urbains anciens d’Europe, depuis Moscou jusqu’à Séville. Cet article présente une synthèse des résultats obtenus par l’étude systématique de ces terres noires, à l’échelle de l’Europe. Les résultats ont été acquis en associant une approche géo-archéologique à des fouilles archéologiques détaillées, et l’application des méthodes de l’archéo-pédologie, de la sédimentologie, de la micromorphologie, de la géochimie (métaux lourds, matières organiques) sur les stratifications archéologiques. Sur plus d’une centaine de sites étudiés en Grande-Bretagne, en Belgique, en France, en Italie, il a été possible de constater que les processus conduisant à la formation de terres noires sont très nombreux, tous liés à une occupation humaine des lieux. La bioturbation joue un rôle important dans la structuration de ces dépôts, conduisant à l’effacement partiel des anciennes interfaces sédimentaires. Les terres noires sont très riches en matières organiques, en déchets issus d’activités humaines domestiques, artisanales, en excréments, ainsi qu’en matériaux architecturaux dégradés. Les terres noires présentent des teneurs en carbone organique très élevées par rapport aux autres formations urbaines anciennes, comprises entre 9 et 35,9 mg/kg. Elles sont polluées au phosphore (jusqu’à 20,34 g/kg) et aux métaux lourds. Les concentrations en plomb atteignent 1830 mg/kg. Ces données permettent de mieux comprendre le comportement urbain des sociétés du début du Moyen Âge, dans leur gestion des déchets, leur rapport à la matérialité des surfaces sur lesquelles elles circulent et comment s’organisent les activités dans les villes.
Abstract
The underground of European towns is produced by millennia of interactions between societies and environment. These interactions have created urban strata and soils that can be 10 metres thick. After 30 years, the development of geoarchaeology in an artificialised environment and the application of geosciences allow to characterise the pedo-sedimentary processes and human activity systems which lead to the production of those anthropogenic sediments. Thus, it is possible to notice that the strata corresponding to the 4th to 12th century are represented by dark earth layers of several tens of centimetres or meters thick, which seem to be homogenous. This paper proposes a synthesis of the results obtained by the systematic study of Dark Earth at a European scale. These results have been acquired by combining archaeological excavations and geoarchaeological approaches, the application of archaeo-pedology, sedimentology, micromorphology, and geochemistry to the archaeological stratifications. At more than one hundred sites in Great Britain, Belgium, France, and Italy it is possible to notice that the processes leading to Dark Earth formation vary greatly, but are always linked with human occupations. Bioturbation plays a major role in the structuration of those sediments, leading to the disappearance of stratigraphic limits. Dark Earths are very rich in organic matter, in refuse from human domestic or artisanal activities, in excrements, and in degraded architectural materials. The organic carbon content of Dark Earths is very high compared to other ancient urban stratifications, between 9 and 35.9 mg/kg. They are polluted by phosphorus − up to 20.34 g/kg − and by heavy metals. The concentrations of lead can reach 1830 mg/kg. These data allow to better understand the urban behaviours of early medieval societies in their management of waste, their relation with the materiality of the surfaces on which they live, and how the activities were organised within the towns.
Mots clés : anthroposol / pollution / Moyen Âge / plomb / artificialisation / métaux lourds
Key words: anthroposoil / pollution / Middle Ages / lead / artificial / heavy metal
© Q. Borderie et al., Published by EDP Sciences 2021
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Current usage metrics show cumulative count of Article Views (full-text article views including HTML views, PDF and ePub downloads, according to the available data) and Abstracts Views on Vision4Press platform.
Data correspond to usage on the plateform after 2015. The current usage metrics is available 48-96 hours after online publication and is updated daily on week days.
Initial download of the metrics may take a while.