Numéro |
BSGF - Earth Sci. Bull.
Volume 189, Numéro 2, 2018
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Numéro d'article | 8 | |
Nombre de pages | 12 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/bsgf/2018007 | |
Publié en ligne | 23 mai 2018 |
Early texts on the Cenozoic fossils of Aquitaine (1622–1767) and pioneering debates on the organic origin of fossils, the superpositioning of strata and the mobility of the seas
Premiers écrits sur les fossiles cénozoïques d’Aquitaine (1622–1767) et débats précurseurs sur l’origine organique des fossiles, la superposition des strates et la mobilité des mers
Université Paris-Diderot, IPGP, UMR 7154 CNRS,
1 rue Jussieu,
Paris
75238, France
* Corresponding author: godard@ipgp.fr
Received:
5
January
2018
Accepted:
17
April
2018
Several unpublished or little known writings from the 17th–18th centuries deal with the Bordeaux region’s “figured stones”, which are actually Miocene fossils. The oldest work is a book by Pierre de L’Ancre (1622), where the author describes the shelly sediments of Sainte-Croix-du-Mont and relates Louis XIII’s visit there in October 1620. De L’Ancre is unsure as to the origin of the fossil shells, which could be ascribed to consolidation of the host sediments during lengthy ages after a withdrawal of the sea, transport from the Ocean by the Flood or in-situ development through « esbatement de la nature » (i.e., a freak of nature). His text is remarkable for its description of the layers, which the author names « estages » (i.e., stages) and describes from the bottom up, suggesting that he grasped the principle of superposition later developed by Steno (1669). A later manuscript, kept at the Arsenal Library in Paris, was written between 1631 and 1673 by an unknown author: entitled Reflections sommaires sur quelques pierres de la Terre de Sales. It deals with the origin of the fossils in the shelly sands of Salles, south of Bordeaux. The author prefers the hypothesis of in-situ development in soil rather than an organic marine origin, thus remaining faithful to the “freaks of nature” thesis frequently accepted at the time. In the 18th century, the Bordeaux Academy discussed the origin of these fossils. In 1718, Father Jules Bellet and Isaac Sarrau de Boynet studied the shells of Sainte-Croix-du-Mont; they suggested an organic origin in view of the scar left by the adductor muscle on the shells and the effervescence of the latter in vinegar. Sarrau de Boynet, however, refused to admit that the sea had reached this village and adopted the extravagant thesis of an anthropic accumulation of oysters, which Montesquieu approved only reluctantly. From 1745 on, Jacques-François Borda d’Oro began the study of Eocene sites and fossils in the Dax region; the observation of Lithophaga, incompatible with a transport by the Flood, reinforced him in his conviction of a marine origin. Nicolas Desmarest observed fossils in 1761, in particular near Saint-Émilion, and was convinced of their marine origin. In 1743 and 1745, the Bordeaux Academy organized essay competitions on the origin of the “figured stones”. The candidates were in favour of the organic origin, but ignored the shelly sediments of the region. One of these candidates, Pierre Barrère, surprisingly states the principle of uniformitarianism as early as 1745. These writings, among the first devoted to the geology of the Aquitaine Basin, illustrate that certain basic elements of modern palaeontology and stratigraphy were already grasped in the 17th and 18th centuries.
Résumé
Plusieurs écrits des 17e ou 18e siècles, inédits ou peu connus, traitent des « pierres figurées » de la région bordelaise – en réalité, des fossiles miocènes. Le plus ancien est un mémoire inclus dans les Advertissemens d’un livre de Pierre de L’Ancre (1622), où l’auteur décrit le gisement de faluns de Sainte-Croix-du-Mont et relate la visite qu’y fit Louis XIII en octobre 1620. De L’Ancre s’interroge sur l’origine des coquilles et des sédiments, hésitant entre un ancien séjour de la mer suivi d’une consolidation « par de longs siècles », un transport par le Déluge depuis l’Océan et une formation in-situ par « esbatement de la nature ». Son texte est par ailleurs remarquable par la description des couches, que l’auteur nomme « estages » et décrit de bas en haut, ce qui suggère qu’il percevait le principe de superposition que Sténon (1669) n’avait pas encore énoncé. Un manuscrit plus tardif, conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris, fut rédigé entre 1631 et 1673 par un auteur inconnu. Intitulé Reflections sommaires sur quelques pierres de la Terre de Sales, il traite de l’origine des faluns de Salles, au sud de Bordeaux. L’auteur y privilégie l’hypothèse d’une génération in-situ dans le sol plutôt qu’une origine organique marine, et demeure ainsi fidèle à l’hypothèse des « jeux de la nature » encore majoritairement admise. Au 18e siècle, l’Académie de Bordeaux s’empare du débat sur l’origine de ces fossiles. En 1718, l’abbé Jules Bellet et Isaac Sarrau de Boynet étudient les faluns de Sainte-Croix-du-Mont et se rangent à une origine organique, démontrée selon Boynet par l’empreinte laissée par le muscle adducteur sur les coquilles et par l’effervescence de celles-ci au vinaigre. Sarrau de Boynet se refuse toutefois à admettre que la mer ait pu atteindre ce lieu et adopte la thèse extravagante d’un amoncellement anthropique d’huîtres, que Montesquieu n’approuve qu’avec réticence. À partir de 1745, Jacques-François Borda d’Oro entreprend l’étude des terrains et fossiles (éocènes) de la région de Dax ; l’observation de lithophages, incompatibles avec un apport par le Déluge, le conforte dans sa conviction d’une origine marine. Nicolas Desmarest, qui a observé des fossiles lors de deux voyages entrepris en 1761 en Guyenne, notamment dans les environs de Saint-Émilion, puis en Périgord et en Gascogne, ne doute pas de leur origine marine. En 1743 puis 1745, l’Académie de Bordeaux organise des concours de dissertation sur l’origine des pierres figurées. Les candidats se prononcent pour l’origine organique, mais méconnaissent les faluns de la région et s’en tiennent à des généralités. L’un d’eux, Pierre Barrère, nous surprend en énonçant le principe d’uniformitarisme dès 1745. Ces écrits, parmi les premiers consacrés à la géologie du Bassin aquitain, illustrent que certains concepts de base de la paléontologie et de la stratigraphie modernes étaient déjà perçus aux 17e et 18e siècles.
Key words: history of geology / principle of superposition / uniformitarianism / origin of fossils / Miocene / Aquitaine (France)
Mots clés : histoire de la géologie / principe de superposition / uniformitarisme / origine des fossiles / Miocène / Bassin aquitain
© G. Godard, Published by EDP Sciences 2018
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